We already met, isn't it ? (Callen)

Il était temps qu'il se pointe à cette exposition. Elle arrivait à sa fin et ce n'était qu'aujourd'hui, qu'il décidait de s'octroyer une après midi pour admirer les œuvres exposés. Jusque là, il avait été assez occupé. Il s'était vêtu simple, un jean, un sweat et son caban noir. C'était assez passe-partout. En plus, on ne pouvait pas dire qu'il faisait chaud. D'ailleurs, la météo prévoyait une tempête dans les jours à venir. Bref, il était entré dans le bâtiment, accueilli par la douce chaleur des lieux. Il ouvrit d'ailleurs son manteau. Il était alors frappé par le peu de personne alentours. A croire que plus personne ne prenait la place de se déplacer. C'était devenu tellement plus pratique de visionner les œuvres en hologrammes. Mais Callen était encore de la vieille école. D'ailleurs, il avait très peu de choses hi-tech chez lui. Non seulement parce que c'était des objets hors de prix et qu'il trouvait ça parfois aberrant. Mais c'était surtout parce qu'il n'en avait pas l'utilité. Pour dire, il avait encore une machine à écrire manuelle pour faire ses papiers. Et cela lui convenait. Enfin bref, cela n'était pas pour lui déplaire ce peu de personnes. Au moins, il allait être tranquille. Il se dirigea vers l'une des salles principales après avoir acheté son ticket à la borne digitale. Ou comment pour une simple sortie, le gouvernement pouvait fliquer les gens. Il passa une main dans ses cheveux. Le vent était violent dehors et il n'était pas certain de ressembler à quelque chose. Un écran d'accueil lui proposa des écouteurs afin d'avoir les explications sur les œuvres présentes, mais il déclina l'offre. Il avait une assez bonne culture sur le monde de l'art alors il allait s'en sortir seul. Et puis encore une fois, il n'aimait pas trop voir que pour une simple visite, on lui proposait encore de se couper des autres avec un gadget.

Cela devait faire déjà une bonne demi-heure qu'il était là quand il se fit aborder par une jeune femme. Il n'y avait pas fait attention sur le coup, occupé à regarder ce qu'il y avait devant lui. C'était une belle œuvre même s'il manquait clairement de lumière à son goût. Callen posa alors ses yeux bleus sur la jeune femme qui était à ses côtés. Il fronça un peu les sourcils avant de se rappeler où il avait vu ce visage. Et il était assez surpris de la voir ici. Pourtant, son visage ne trahissait pas son étonnement. Bien au contraire, il garda une expression assez neutre alors qu'elle avait reprit la parole. « Je n'ai pas le souvenir de vous avoir déjà rencontré, non. » Il n'avait pas l'intention de lui dire qui il était. Il savait qui elle était et quelles étaient ses opinions sur les gens comme lui. « Vous devez me confondre avec quelqu'un d'autre. »

Il s'attendait à passer une bonne après midi. Il avait bouclé son article et il était passé au McEvans pour s'assurer que Noah s'en sortait bien. Et il était venu ici. Il était rare ces derniers temps, qu'il trouve le temps pour flaner de cette façon. Alors il voulait en profiler. Sauf qu'il ne s'était pas attendu à retrouver une ancienne connaissance. Enfin le mot était un peu inapproprié mais il ne savait pas vraiment comme la nommer. Une demoiselle en détresse ? Une starlette ? Elle était musicienne. Et elle avait la chance d'en vivre. Surtout grâce à son statut d'évolué. Mais ça c'était une autre histoire. Bref, Callen n'était pas décidé à lui révéler son identité. Il n'avait pas envie de complications dans sa vie. Et s'il avouait qui il était, il savait qu'il allait avoir droit à des tas de questions. Malheureusement, il n'avait pas les réponses à toutes les questions qu'elle pouvait se poser. « Je confirme. » Oui, elle se trompait. Enfin c'était mieux qu'elle puisse croire ça. Pour elle, comme pour lui. Moins de complications, c'était son credo. Il reporta son attention sur le tableau qu'il pouvait à peine admirer avec la jeune femme. Le dégradé des couleurs étaient vraiment superbes. On ne voyait pas le début, ni la fin de l'une d'elle. Comme un sillage infini qui s’emmêle aux formes et aux matières. Callen aurait aimé pouvoir dessiner de cette façon. Mais il était loin d'avoir ce niveau. Et à vrai dire, cela faisait une éternité qu'il n'avait pas touché à un pinceau. Trop peu de temps et trop peu d'envie aussi. Il fallait bien l'admettre. Il préférait davantage lire un livre, traîner au Mc ou rendre visite à sa mère, plutôt que de s'asseoir devant une toile qui resterai définitivement blanche. « Incroyable aussi. Quand on sait que l'artiste n'est encore qu'un gamin. » Bien rares étaient les artistes si jeunes qui étaient mis à l'honneur. Encore une fois, sa nature d'évolué a facilité les choses. Mais si, le talent était clairement là. Et il devait être mis à l'honneur. « A voir si ce talent se confirme dans les années à venir. Ou s'il n'était qu'un feu de pailles. » Et cela arrivait parfois. Des artistes qui faisaient des expositions, qui devenaient des phénomènes et qui, au final quatre ou cinq ans plus tard, disparaissaient de la circulation. Il faut dire aussi qu'il était tellement facile d'exposer si on connaissait les bonnes personnes. Les relations sociales étaient le garant d'une certaine renommée. Parfois on avait de la chance, parfois non.

La surprise avait fait son chemin. Il ne s'était pas attendu à retrouver la jeune femme ici. Pas du tout. Mais il avait rapidement reprit le dessus afin de profiter de cette exposition. Surtout qu'elle arrivait à son terme. Il avait envie d'admirer ses tableaux. Rares étaient les visiteurs qui prenaient la peine de se laisser porter, de se couper de la technologie ambiante afin d'admirer les tableaux à leur source. C'était agréable. Plus beaucoup de monde aimait ça. C'était bien plus pratique de les voir via un écran holographiques. Aux paroles de la visiteuse, il reporta son attention sur elle. « J'aime la peinture. Je peins et je dessine. Enfin, cela fait un moment que je n'ai pas touché un crayon ou un pinceau. Mais je sais reconnaître le talent quand il se présente à moi. » Il en avait lu des bouquins sur les différents styles de peinture. Il en avait vu des expositions, que ce soit à New York ou ailleurs. Cela lui plaisait. « Et puis c'est si rare d'avoir de nouvelles expositions. » D'ordinaire, les exposants faisaient des soirées mondaines, des soirées privées où juste une infime quantité de personnes pouvaient admirer l'art. Dans le Queens, cela faisait des années et des années qu'il n'y avait pas eu d'exposition. Aux paroles suivantes de la jeune femme, il ne pouvait s'empêcher de l'observer. Elle savait de quoi elle parlait. « Là c'est vous qui semblez connaître le sujet, je me trompe ? » Bien sûr que non il ne se trompait pas. Mais voilà, il n'était pas censé la connaître. Et d'ailleurs, c'était ce qu'il lui avait dit quelques minutes plus tôt. Il savait pourtant tout sur elle. Autant parce qu'il était journaliste, parce qu'il avait beaucoup écrit sur la société, sur le gouvernement et forcément, le nom de la jeune femme était apparue à quelques reprises. Et ensuite, après ce qui s'était passé, lors de cette attaque. Il avait gardé un œil sur elle. Il s'était assuré qu'elle allait bien, sans vraiment savoir pourquoi. Bref. Il savait donc ce qui se passait dans la vie de la jeune femme. Il avait même assisté à l'un de ses concerts. L'un des premiers qu'elle avait fait après la mort de son père. Mais cela, il n'en parlait pas. Il n'en soufflait mot à personne, question de sécurité. Quand elle se présenta, il hésita quelques secondes. Est-ce qu'il devait lui donner sa véritable identité ou est-ce qu'il devait inventé un pseudo. Il avait l'habitude de ça. Mais là, pour se planquer ou pour passer inaperçu, c'était un peu foiré. Vu qu'ils se rencontraient en plein milieu d'une journée. Si elle le revoyait plus tard et qu'elle apprenne son identité, ce serait plus compliqué à expliquer. « Callen. Enchanté. » Puis à la réflexion suivante de la jeune femme, il ne pouvait s'empêcher de sourire. « Si vous saviez. » La technologie et lui, c'était toute une histoire. « Je suis de la vieille école. Je n'aime pas tout ce qui est connecté. » Malheureusement, le bracelet qu'il portait au poigné, lui rappelait qu'il ne pouvait pas y échapper réellement. « Quand je peux l'éviter, je le fais avec plaisir. »