Attrape-moi si tu peux !

Ce moment était vraiment étrange. En me levant le matin-même, je ne pensais pas que j'aurais fais une rencontre de ce genre, ni que j'aurais développé un don étranger au mien. Déjà que j'ai assez de mal à apprivoiser le mien, voilà que je devais faire avec un nouveau qui semblait encore pire. Je me transformais en une personne différente, sans même le vouloir. Mais après tout ce qui s'était passé dans ma vie ces dernières semaines, je ne m'étonnais plus de rien. Je ne m'étonnais pas qu'un type que je ne connaissais pas, me suive en pleine rue et m'assaille de questions étranges.

Maintenant nous étions l'un en face de l'autre. Je me rendais compte que cet homme: Hanson était comme moi. Il était différent, bizarre selon certains propos. Mais comme moi, puisqu'il était un évolué. Voilà pourquoi il avait « vu » tant de choses sur moi. Je hochais doucement de la tête aux premières paroles de l'homme. Une bande de pourris, était un euphémisme pour ce que je pensais d'eux, réellement et profondément. Puis quand il proposa de se tutoyer, je haussais un peu les épaules. Pourquoi pas. Je crois qu'on pouvait mettre de côté les formalités en effet. Bien que cela avait été différent avec le libraire. Il m'avait tellement énervé avec ces répliques que j'avais préféré mettre une distance entre nous. Mais là, c'était différent.

« D'accord. Ce n'est pas une mauvaise idée. »

Je rangeais finalement mon arme à la ceinture de mon jean, dans mon dos. Je ne le rangeais pas trop loin, au cas où nous aurions un peu de visite dans les minutes qui allaient arriver. Quand on était un évolué, on était jamais trop prudent vis à vis des visites intempestives. Puis aux mots suivants d'Hanson, un sourire s'afficha peu à peu sur mes lèvres.

« Oui, en tout cas pour le tatoué qui chiale. » Puis mon sourire s'estompa et j'ajoutais après un petit silence. « Quant à la femme aux boucles brunes, je crois que c'est ma mère. »

Je n'étais pas certaine à cent pour cent mais les dernières visions que j'avais eu de cette femme, me faisait croire que nous étions toutes les deux proches. Assez proches pour être mère et fille.

« J'ai quelques flashes sur elle, assez régulier ces derniers jours. Alors peut-être que j'aurais bientôt des réponses. »

J'avais encore la mémoire en désordre. Elle était comme un puzzle. Certaines pièces s'étaient emboitées, et je cherchais les autres qui pouvaient compléter le tableau. Ce n'était qu'une question de patience et peut-être de temps. Après un nouveau silence, j'invitais Hanson à continuer cette discussion dans un endroit plus approprié. Nous avions tous les deux besoin de nous poser quelques minutes.